vendredi, novembre 10, 2006

Le clonage accepté par l'Australie

Le Sénat australien vient d'adopter un texte de loi autorisant le clonage d'embryons humains à des fins exclusivement thérapeutiques, quatre ans après que telle pratique ait été interdite par un vote du parlement. Le texte en question a été élaboré par l'ancienne ministre fédérale de la santé, Kay Patterson.

La sénatrice libérale ayant agi à sa propre initiative sans y avoir été invitée par la majorité, le premier ministre John Howard a donc autorisé les sénateurs qui sont membres de sa coalition à s'exprimer "en leur âme et conscience", une liberté de vote qu'a également adoptée l'opposition travailliste. A l'issue d'un débat très animé et souvent chargé d'émotion, le texte a été adopté par 34 voix contre 32, dont celles de 18 des 22 femmes que compte le Sénat.

Contrôle strict et sanctions sévères

Le texte en question s'accompagne de strictes mesures de contrôle des procédures de clonage afin d'éviter que n'aient lieu des expérimentations qui déborderaient franchement du cadre thérapeutique dans lequel s'inscrit cette loi. C'est ainsi qu'a été interdite la procédure visant à pratiquer le "mariage" d'ovocytes animaux à des cellules humaines.
De plus, les embryons ne pourront être "cultivés" que pour une période maximale de 14 jours avant d'être "récoltés" et utilisés dans le cadre de programmes de recherche médicale uniquement destinés à trouver des cures à certaines maladies. Tout individu qui tentera de "commercialiser" les ovocytes, cellules ou embryons ayant entré dans ces expérimentations sera passible de quinze ans de prison.

Des partisans enthousiastes

Présentant son texte à l'approbation du Sénat, Kay Patterson a rappelé aux adversaires du clonage qu'en 1798, Edward Jenner avait été tourné en ridicule lorsqu'il avait eu recours au cow-pox pour inventer le vaccin contre la variole. "Ses critiques disaient que des cornes et des queues pousseraient sur le corps de ceux à qui Jenner inoculerait son vaccin", a-t-elle ironisé avant d'affirmer qu'en vérité, la découverte du chercheur "est devenue l'un des plus grands instruments de santé publique de notre ère."
Le sénateur libéral Alan Ferguson, dont la fille souffre depuis 13 ans de sclérose en plaques, a déclaré pour sa part que "jamais je ne me pardonnerais si je votais contre cette loi." "C'est le plus beau jour de ma carrière politique", s'est exclamée quant à elle la sénatrice démocrate Natasha Stott Despoja.

Des opposants scandalisés

"Cette loi est tout simplement répugnante", s'est indigné le ministre des finances, Nick Minchin avant de rappeler que "la création d'embryons humains et leur destruction délibérée au nom de la recherche scientifique a été unanimement rejetée par ce parlement il y a tout juste quatre ans."
"La loi qui vient d'être adoptée compromet les droits humains fondamentaux qui ont immunisé notre démocratie contre les horreurs de l'Holocauste et des goulags soviétiques", a déclaré quant à lui le sénateur libéral Santo Santoro, tandis qu'un autre sénateur libéral, Ron Boswell, a parlé de "nouvelle course au clonage d'êtres humains."

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